C'est le genre d'images qui achèvent de vous convaincre de devenir végétarien. Brutales et sanguinaires. Filmées par Gaia dans 11 abattoirs du pays, elles montrent la souffrance extrême dans laquelle sont égorgés des moutons, chèvres et bœufs qui n'ont pas été au préalable étourdis, en vertu du rite halal.
Il ne s'agit pas d'images « volées » mais prises après autorisations, affirme l'association de défense des animaux (même si on se doute qu'ils n'ont pas précisé la nature du reportage). La séquence rendue publique hier est d'une précision documentaire. Le sang coule à flot. On lit, dans l'œil de l'animal sacrifié, la terreur, la détresse, la douleur et l'incompréhension devant une telle barbarie humaine.Laurette Onlelinx doit le voir
«Je ne peux m'imaginer que des croyants puissent accepter les pratiques que nous avons pu filmer. Le Coran dit qu'il ne faut pas maltraiter les animaux», s'insurge Michel Vandenbosch, le président de Gaia qui comptait s'entretenir avec le Conseil des musulmans de Belgique et montrer le film aux responsables théologiques. « Nous allons bien entendu faire en sorte que la ministre en charge du bien-être animal, Laurette Onkelinx, puisse visionner ces images pour qu'elle sache ce qui se passe dans les abattoirs.»
Un arrêté royal de 1998 relatif à la protection animale stipule que les animaux doivent être étourdis avant abattage. Mais une dérogation a été accordée pour les abattages rituels. La pratique dénoncée n'est donc pas illégale. Gaia ne compte d'ailleurs porter plainte, à l'Europe, que si la ministre ne réagit pas. Car l'association relève – et filme – de multiples abus dans la façon de mettre à mort. Brutalités pour faire entrer la bête dans le « box » de contention où elle aura la gorge tranchée ; parfois un double cisaillement est nécessaire ; l'animal, qui pour un bœuf peut rester conscient durant deux minutes après avoir été égorgé, est suspendu encore vivant ; certains sont retournés avant d'être saignés, ce qui emplit de sang les poumons et d'autres animaux assistent à la mort de leurs congénères, ce qui est interdit, selon Gaia.
On en mange sans le savoir
Ces faits ne sont pas isolés. Les images proviennent de 11 abattoirs belges (Mouscron, Aubel, Charleroi, Rochefort et Saint Vith côté wallon) où, chaque année, plus de 250 000 animaux sont égorgés selon le rite musulman. Ça représente un millième des 250 millions d'animaux abattus chaque année en Belgique à des fins de consommation. Mais si les 11,5 millions de porcs et dix mille chevaux échappent au rite halal, Gaia précise que 11 % des 500 000 bovins adultes, 22 % des 300 000 veaux et… 92 % des 140 000 ovins sont égorgés de manière rituelle.
Selon Gaia, avec de tels pourcentages, on retrouve la viande halal dans le circuit commercial normal, « maisons pitta » mais aussi le plus banal des rayons de supermarché, sans que le produit soit étiqueté comme tel. Propos d'ailleurs corroboré par un employé d'abattoir filmé dans cette séquence insoutenable qui, diffusée à deux jours de la fête du sacrifice, risque de choquer. Mais sans doute trop tard pour que la pratique soit déjà adaptée.
Interdit dans de nombreux pays
L'interpellation est double. Le rite musulman impose-t-il vraiment qu'un animal soit mis à mort dans de telles conditions de souffrance, parce qu'il ne peut être étourdi ? Et, sous prétexte de respecter une foi religieuse, peut-on accepter de telles pratiques barbares, dans notre société occidentale où les animaux ont des droits reconnus ?
Ne nous voilons pas la face : ce qui se passe dans les abattoirs n'est jamais joli, joli. Mais des conditions strictes ont été imposées pour que l'animal soit tué inconscient. Au Royaume Uni, malgré une législation permissive, la plupart des animaux abattus selon le rite halal sont étourdis avant la saignée, avec l'aval de la communauté musulmane.
L'étourdissement est aussi obligatoire en Suède, en Norvège, en Suisse, en Islande et dans 6 provinces d'Autriche. Et en Nouvelle-Zélande — qui est le premier exportateur mondial de viande ovine halal —, tous les moutons sont étourdis par électronarcose. On pourrait aussi se poser la question en Wallonie qui, via un label, voudrait à l'avenir développer son marché halal à l'exportation.
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